Réglementation de la pêche en mer 2025: de légères modifications à venir

Les ministres européens se sont réunis les 9 et 10 décembre pour décider des possibilités de pêche pour chaque État membre en 2025. Peu avant 2025, les règlements ont finalement été publiés au journal officiel. Voici ce qu'ils impliquent.

TAC et quotas 2025

Pour la pêche récréative

Il n’y aura pas de changements majeurs pour l’année 2025 pour le moment, sauf pour la pêche no-kill du cabillaud dans les zones CIEM 7 et 8, qui est désormais interdite dans l’Atlantique et la Manche du 1er janvier au 30 avril.

Rappel :

Concernant le cabillaud, un maximum de deux spécimens de cabillaud (Pollachius pollachius) par pêcheur par jour peut être capturé et conservé du 1er mai au 31 décembre dans les zones CIEM 7 et 8. La taille minimale de capture est de 42 cm. Pour le bar, dans la zone CIEM 7 (au nord d’Audierne)

  1. du 1er février au 31 mars 2025
  2. seule la capture de bars européens à la ligne suivie de leur remise à l'eau est autorisée
  3. il est interdit de détenir, transférer, transborder ou débarquer des bars européens capturés dans cette zone
  4. en janvier et du 1er avril au 31 décembre 2025
  5. seuls deux spécimens de bars européens par pêcheur par jour peuvent être capturés et conservés
  6. la taille minimale pour conserver un bar européen est de 42 cm

Les filets fixes ne sont pas utilisés pour capturer ou conserver le bar européen. Dans les divisions CIEM 8a et 8b (au sud d’Audierne) :

  1. un maximum d’un spécimen de bar européen par pêcheur par jour peut être capturé et conservé
  2. les filets fixes ne sont pas utilisés pour capturer ou conserver le bar européen

Du côté professionnel

Le secteur de la pêche professionnelle a exprimé son soulagement suite à la publication des TAC et quotas. Les préoccupations portaient particulièrement sur le plan WestMed. Celui-ci impliquait le "retrait de 14 navires des 57 composant la flotte en Méditerranée continentale, [ainsi que] l’établissement de zones de non-pêche et une limitation des jours de pêche." Les signaux envoyés par l’UE étaient jugés alarmants par le ministre Loher. Finalement, ce plan ne semble pas avoir été suivi, bien que des contraintes aient été ajoutées pour les pêcheurs méditerranéens. Dans l’Atlantique, le maquereau et la sole subissent une baisse des quotas, de -33 % et -3 % respectivement, ce qui a été mal reçu par les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer. En revanche, les quotas pour le bar seront augmentés de 5 à 10 %. À noter une diminution de 25 % du quota de langoustine dans le golfe de Gascogne.

Le CIEM dévoile sa stratégie pour la pêche récréative

Le CIEM, l’organisme scientifique européen qui fournit des avis pour les permis d’extraction et constitue donc une structure clé dans le processus décisionnel européen, a publié un communiqué de presse le 6 décembre rempli d’informations et d’implications suggérant des changements majeurs à venir pour la pêche récréative européenne. Par ailleurs, c’est la première fois que le CIEM est aussi explicite sur sa vision de la pêche récréative. Voici les principaux points. "Loin d’être une activité de niche, la pêche récréative en mer (MRF) a un impact significatif sur les économies, les communautés, les environnements côtiers, la société et les stocks de poissons, tout en créant d’importants bénéfices en termes de santé et de bien-être pour les participants. Cependant, dans le monde de la gestion des pêches, les décisions concernant l’évaluation des stocks, les mesures de conservation et la durabilité se sont largement concentrées sur les activités des flottes de pêche commerciale. Pendant ce temps, la pêche récréative est restée dans l’ombre. Kieran Hyder, Cefas, et Estanis Mugerza, Azti, co-présidents du groupe de travail sur la science de la pêche récréative (WGRFS) du CIEM, ont dirigé les travaux sur la feuille de route du CIEM pour la pêche récréative en mer. M. Hyder souligne plusieurs raisons expliquant l’absence de prise en compte de la pêche récréative dans les évaluations actuelles et les processus consultatifs. 'Les pêches récréatives sont diverses et dispersées, avec de nombreux engins utilisés et une absence de listes de participants, ce qui les rend difficiles à surveiller. Cela entraîne un manque de données nécessaires à la fois pour dissiper l’idée fausse répandue selon laquelle la pêche de loisir n’a aucun impact et pour l’inclure dans les évaluations des stocks.'"

La pêche récréative est-elle trop complexe pour être incluse ?

"L’impact de la pêche récréative est de plus en plus reconnu dans la gestion. Cet appel à l’action vient à la fois de l’intérieur et de l’extérieur de la communauté scientifique. Dans le monde entier, avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis en tête, et maintenant en Europe, le message est clair : si les captures récréatives continuent d’être exclues, nous risquons de ne pas atteindre les objectifs de conservation et les bénéfices pour la société. Certains hésitent à inclure les données MRF [pêche récréative], car elles ne sont pas toujours considérées comme scientifiquement rigoureuses ou collectées de manière systématique. De plus, des obstacles logistiques comme les retards dans l’acquisition des données et l’implication de différentes institutions dans différents pays posent un réel problème. Un autre débat tourne autour de la répartition des captures entre les secteurs commercial et récréatif. Ces discussions touchent des sujets sensibles tels que les avantages sociaux et économiques, qui doivent être équilibrés avec la durabilité biologique. L’absence de mise en œuvre dans de nombreuses régions complique les efforts pour garantir le respect des mesures de gestion. De nombreux acteurs se demandent s’il vaut la peine d’inclure quelque chose d’aussi complexe dans le système existant."

Amélioration des données sur la pêche récréative

"À ce carrefour, le modèle Daisy offre des orientations. Dans le cadre de la feuille de route, ce modèle propose un plan détaillé pour surmonter les défis auxquels la pêche récréative est confrontée et fournit une voie claire pour l’avenir, qui nécessitera collaboration, innovation et adaptabilité. Mugerza déclare : 'Depuis que la collecte de données sur la pêche récréative est devenue obligatoire dans le cadre du DCF, la quantité et la qualité des données collectées se sont considérablement améliorées.' 'Les données MRF ne devraient être incluses dans les évaluations des stocks que là où la pêche récréative a un impact,' ajoute Hyder. 'La première étape consiste à prioriser les espèces sur lesquelles la pêche récréative est susceptible d’avoir un impact. Une fois cette étape franchie, elle peut être incluse dans la liste des problématiques à aborder lors des évaluations et dans le processus d’évaluation des performances. Pour ce faire, établir un climat de confiance entre la communauté de la pêche récréative et le CIEM sera crucial. Par ailleurs, développer de nouvelles méthodologies pour les évaluations des stocks qui incluent les données MRF sera essentiel, en particulier pour les stocks limités en données. En tant que gardien des méthodes MRF au sein du CIEM, le WGRFS veillera à ce que les nouvelles approches soient examinées et, le cas échéant, utilisées.'"

Des scientifiques enthousiastes

"C’est formidable de voir le CIEM reconnaître l’importance de la pêche récréative en mer et la nécessité de l’intégrer dans ses avis," a déclaré M. Hyder. "La feuille de route met en évidence les étapes pratiques et les nouvelles données scientifiques nécessaires pour y parvenir. Nous avons beaucoup de travail devant nous, mais je suis impatient de travailler avec le CIEM et les communautés de pêche récréative pour faire de cette feuille de route une réalité." La vision du CIEM est celle d’une gestion des pêches inclusive et durable, où la MRF est pleinement intégrée.

Le modèle Daisy

Daisy est un modèle de simulation mécaniste des processus physiques et biologiques dans un champ agricole. Il retrace le destin de l’eau, de l’énergie, du carbone, de l’azote et des pesticides, à la fois en surface et en profondeur. Le modèle peut prédire la production, l’impact environnemental sous forme de lessivage, et l’évolution de la qualité des sols (carbone) au fil du temps. Une autre utilisation courante est comme limite supérieure pour un modèle d’eau souterraine. Daisy fonctionne à partir de fichiers texte contenant des données météorologiques quotidiennes ou horaires (au moins les précipitations, le rayonnement global et la température, mais diverses données peuvent être utilisées si disponibles), des informations de gestion (semis/récolte, opérations de travail du sol, ainsi que les données et quantités d’irrigation, d’applications d’engrais et de pesticides), et enfin la qualité des sols (texture, teneur en humus). L’échelle temporelle va des flux horaires aux changements des réservoirs de carbone dans le sol sur plusieurs siècles. Dans le cas de la pêche, l’idée serait de transposer cette méthodologie à la pratique récréative.

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